Sur ton pote black, ça claque. Sur toi, c’est ignoble. Mais comment se fait-ce ?
Tu es blanc. Et comme pas mal de jeunes, tu aimes le rap, le sport et les fringues. Ainsi, toi aussi tu aimerais bien taper quelques fantaisies vestimentaires ou capillaires à tendance « urbaine », à l’occasion. C’est bien normal. Et pourtant, dès que tu franchis un peu les bornes, tu as juste l’air d’un triste clown. Ton poto, lui, est noir. Et dès qu’il tente un truc un peu nouveau, c’est frais, ça plaît. C’est assez injuste : vous arborez les mêmes fringues, la même coupe, la même attitude, mais vous n’avez pas du tout, du tout, le même swag, c’est indéniable. Même toi, tu es obligé de le constater.
Il y a forcément un truc.
Clairement, en 2013, ce n’est plus un problème de classe sociale, de « street credibility » : on connaît tous des renois qui s’appellent Christophe et qui vivent dans les beaux quartiers, et des toubabs qui sont de vrais chiens du bitume.
Non, cela doit relever d’une perception inconsciente globale, de choses ancrées dans l’imaginaire collectif. De la légitimité supposée. D’un dégoût de la récupération, de l’imposture.
Par exemple, un asiatique rasta avec des dreads, ça ne colle pas. Pas cool.
Un pakistanais qui ferait du métal, en total look hard-rock, non plus.
C’est cheum, point final, et à priori peu s’y risquent, d’ailleurs. (Exceptés ces farfelus de japonais qui n’ont presque aucune notion du ridicule, mais bon.)
C’est juste que la culture « black » est dominante. Elle surpasse toutes les autres en terme d’attraction, d’identification.
Désolé de préférer Michael Jordan à Larry Bird, Mike Tyson à Marcel Cerdan ou Anelka à Tony Vairelles.
C’est comme ça, on n’y peut rien, ces gars-là ont un truc en plus, une aura qui nous dépasse et nous séduit.
Ce qui ne doit pas empêcher de rester à sa place.
Non pas que tous les blancs soient forcément sans charisme, loin de là. C’est juste qu’ils ne doivent pas singer, imiter, sous peine d’être définitivement grotesques. Ainsi d’un Justin Timberlake ou des Beastie Boys qui ont su ne pas se posticher pour faire leur truc, par exemple.
Mais attention, l’inverse est vrai aussi.
Car qu’est-ce qui est le plus dégueulasse : un blanc avec des tresses ou un renoi défrisé ? Dur de répondre.
Allez, bonne chance.