Ou comment Internet a flingué notre capacité à fantasmer.
Nous sommes en 2014. Enfin presque.
A la louche, cela fait donc bien 10 piges que le web fait partie intégrante de nos vies.
C’est vraiment super, le web. On peut par exemple checker son compte en banque, réserver des billets d’avion, intégrer des réseaux sociaux, et même s’envoyer des e-mails !
Mais surtout, on peut s’y astiquer le manche à volonté. Et on ne va pas se mentir, on ne s’est pas privés. A moins d’être une improbable victime de la fracture numérique, il ne doit plus y avoir un mâle occidental qui ne s’est jamais pogné face à un ordi. Et c’est bien normal. Tels des chiens dans une basse-cour sans fin, on navigue alors à vue, bite à la main, la porte bien verrouillée et les mouchoirs à proximité. Tout ça, à la recherche de l’image ou de la video qui feront « mouche », et qui nous apporteront excitation et plaisir à la demande. C’est rapide, précis, ciblé, efficace, presque mécanique. Un peu chiant, quoi.
Alors oui, chacun son truc, entre les gonzos les plus visqueux, les californiennes siliconées, les vieilles, les grosses, les teens, etc… c’est sûr qu’il y a le choix. A chacun sa « porn category » préférée. Et il est là, le coeur du problème. Précisément, cette diversification.
La demande est telle, le système si rodé et si rentable, que les mecs qui s’occupent de ces sites ont les moyens de penser à tout, de tout imaginer à notre place. Les batards.
Ca n’a évidemment pas toujours été le cas… On ne va même pas évoquer les magazines aux pages collées, les VHS qu’on se passait en scred ou le premier samedi du mois sur Canal, tout ça relevant carrément de la préhistoire pornographique.
Mais même aux débuts d’Internet, quand ça ramait encore pas mal, il n’y avait que le vénérable Youporn, la sextape de Pamela Anderson et quelques mauvaises images de célébrités comme Vanessa Demouy ou Alyssa Milano pour se faire du bien. Résultat, on ne pouvait pas s’en contenter.
Il fallait encore faire travailler ses méninges de temps en temps, et s’inventer un scénar bien vicelard dans sa tête, sans support.
Ca s’appelait un fantasme, et ça n’était pas réservé qu’aux femmes. Et c’était bien. Mais c’est fini.
Qui fait encore ça ? Qui imagine encore sa cousine et-ou sa prof d’espagnol dans un plan torride dont il est l’improbable et performant héros ?
On n’a juste plus le temps, plus envie, et plus besoin surtout. C’est ainsi que se perdent les habitudes, que les reflexes disparaissent. C’est moche.
Bien sûr, on peut toujours commencer une session en pensant à un truc cool, mais on finira toujours par s’isoler, smartphone ou labtop en main.
Eventuellement, aussi, on peut s’en taper une petite en repensant à une baise particulièrement excitante. Mais ça, ça relève du souvenir, pas du fantasme, même si vous avez l’habitude d’y rajouter quelques détails dégueulasses qui ne se sont jamais produits.
Reste les rêves érotiques. Jadis un peu honteux au réveil, avec la carte de France sur les draps, ils doivent maintenant êtres chéris, car ils sont la dernière preuve que nous aussi, comme nos darons, on peut encore s’inventer de belles histoires.
Allez, bonne chance.