Les gens en parlent encore avec émotion de cette fête, tellement c’était chanmé. Mais toi, tu dormais. C’est dommage.
Des soirées pourries, dans des endroits minables, avec une ambiance de merde, on en a tous passé. Plus que de raison, même.
Mais ce soir là, c’était différent. Comme par magie, tous les éléments ont apparemment été réunis pour que cette fête reste longtemps dans les mémoires. Du bon son, des meufs, de l’alcool, des drogues bien dosées, un lieu parfait, tous les potes enfin réunis… ça s’est enjaillé jusqu’au lever du jour, et même après.
Enfin, c’est ce qu’on t’en a dit.
Parce que toi, tu n’étais pas là.
Mais pourquoi ? Que s’est-il passé ?
Il était bien prévu que tu y ailles, pourtant, à cette teuf. Mais il faut le reconnaître, tu as fait ta merde. Après quelques heures de télé, quelques parties de consoles, et surtout pas mal de joints, ta motivation est peu à peu tombée. Tous les excuses bidons pour ne pas lever ton gros cul y sont alors passées : « C’est loin », « Je suis fatigué », « Ça va être cheum », « J’ai pas d’oseille pour rentrer », etc…
Alors, avec une pointe de regrets quand même, tu as lâché l’affaire, et tu es allé te coucher, seul, et con. Oui, con, parce que clairement, tu as raté quelque chose.
Déjà, dès le lendemain matin, tu as constaté que tu avais des appels en absence étalés sur toute la nuit, ainsi que pas mal de messages inaudibles d’amis bourrés s’étonnant de ton absence et t’enjoignant à les rejoindre au plus vite. Aie.
Et ensuite, plus de nouvelles de personne jusqu’au lundi…
Se produit alors un phénomène étrange, bien que très humain : tu te mets à espérer que c’était naze. De manière assez mesquine, tu souhaites que tes propres amis aient passé une mauvaise soirée. Et donc n’avoir rien raté de marquant. Mais non, c’est l’inverse. Peu à peu, les témoignages arrivent, enthousiastes, encore exaltés. Toi tu essaies de faire dire aux gens que c’était pas si incroyable quand même, tu essaies de te raccrocher au moindre truc négatif qu’on te raconte pour te persuader que tu as fait le bon choix… Peine perdue. C’était de la balle. Fuck.
Surtout qu’un autre phénomène courant se produit alors : en constatant ta frustration, les gens qui te racontent deviennent assez sadiques. Il en rajoutent, en font des tonnes, enfoncent le clou. « Franchement, t’as raté, mec ». A les entendre, le DJ a retourné la salle comme jamais, ils ont tous emballé au moins trois meufs, et se sont tapés de multiples barres de rire en tout genre. Les bâtards.
Le pire, c’est quand plusieurs mois après, ceux qui y étaient en parlent encore. C’est devenu l’événement référence, le must inégalé en matière de déglingue, cette fête où tu n’étais pas. Toi tu t’en es remis, mais quand même. C’est moche. Tu as entendu en boucle plusieurs anecdotes mythiques de ce soir-là, au point que tu pourrais les avoir vécu toi-même. Assez.
Morale de cette triste histoire: en matière de sortie, il faut avoir du flair, c’est sûr, et ne pas accepter n’importe quel plan merdique. Mais il faut aussi laisser sa chance au produit. Et se dire qu’on est toujours mieux dehors avec des potos que seul devant la rediff d’Hanouna.
Bonne chance!